Feuilleton / Feuilleton0004
« J'en ai profité pour remuer un peu le ragoût ! expliqua-t-elle d'un air joyeux.
— Vous avez bien fait, lui concéda Hélène avec un grand sourire. »
Les deux femmes se firent la bise et Hélène regarda le contrat, lamentablement ouvert sur sa première page et ses clauses funestes. Elle poussa un soupir, et jeta un coup d'oeil à Claudie, qui soutint son regard.
« Si tu préfères Hélène, on peut remettre cela à plus tard, lui proposa la petite femme.
— Effectivement, je me sentirais mieux de remplir ce papier à un autre moment.
— Je comprends. »
La secrétaire rangea la pochette dans sa malette, et Hélène aperçut furtivement l'éclat rouge et vert d'un collier qui dépassait d'une enveloppe en kraft. Cette vision la troubla un peu, d'autant plus qu'elle avait confiance en Claudie, et qu'elle arrivait même à l'apprécier.
« Comment trouves-tu Jules en ce moment ? demanda Claudie.
— De pire en pire. Par contre lui ne t'a pas trouvé meilleure que les autres qui sont passées avant toi, c'est déjà bon signe, je ne pense donc pas qu'il se doute de quelque chose.
— Tu ne crains pas qu'il fouille un peu pour en savoir plus sur moi ?
— Aucun risque dans son état actuel. »
Hélène Journet hésitait à lui parler du collier qu'elle venait d'entrevoir, elle préférait garder cet atout pour plus tard, au cas où.
Elle venait juste de se rendre compte du fumet du plat qui était en train de mijoter. Elle le retira du feu, et en porta une pleine assiette à son mari, à l'étage.
Il s'attablèrent dans un coin de la grande chambre.
« Appelle Richard, je veux qu'il mange avec nous ! ordonna M. Journet.
— J'y vais de ce pas, en espérant qu'il n'ait pas déjà déjeuné.
— Pas grave, j'ai des choses à lui dire. Appelle-le moi immédiatement. Et tu as oublié mon thé, tête de linotte ! »
Hélène se leva souplement, remis en ordre son corsage et monta à l'étage, faisant mine de saluer à voix haute l'homme qui s'y trouvait, comme si elle le voyait pour la première fois ce matin, et lui enjoignit de descendre. Puis elle dévala prestement les marches dans l'autre sens.
