Feuilleton / Feuilleton0003
« Hélène, est-ce bien toi ?
— Oui, me voilà Jules ! As-tu passé une bonne matinée ?
— Pas trop. La nouvelle secrétaire, comment s'appelle-t-elle déjà ?... Claudie, voilà, est arrivée en retard. Elle a mis trop de temps à daigner monter tous les dossiers, elle sait pourtant que je suis incapable de descendre dans le bureau en ce moment.
— Je vais te faire apporter un thé vert, patiente encore un peu mon chéri, pendant que je fais décharger la malle du coche. »
Elle posa un sac mou, mélange de toile et de cuir, sur un chevet en merisier, et ressortit de la grande chambre à coucher. Le soleil commençait à faire fuir le vent automnal, et entrait par les vitraux des hautes fenêtres qui donnaient sur l'escalier du premier étage. Mais au lieu de redescendre, elle prit sans bruit la direction du second, puis grimpa le demi-niveau restant, où elle rejoignit un homme qui l'attendait dans une petite chambre de bonne, sous les combles.
« As-tu vu Claudie ? demanda-t-il en l'enlaçant.
— Non, pas encore. J'y vais de ce pas, mais je voulais te rendre visite avant toute chose. Elle est bien dans la cuisine, n'est-ce pas ?
— C'était gentil, mais risqué. Retourne vite en bas, finit-il en l'embrassant sur les lèvres. »
Elle redescendit les escaliers aussi doucement qu'elle l'avait fait en montant, tout en glissant nerveusement l'index dans son collier de perles multicolores.
La petite secrétaire l'attendait effectivement dans la cuisine, assise sur une chaise paillée, devant elle une pochette en cuir ouverte sur un contrat.