Feuilleton / Feuilleton0015

Lorsque Hélène et Richard se retrouvèrent en privé, ils eurent toutes les peines du monde à évoquer les sous-entendus énoncés en fin de matinée par Jules. Le mieux n'était-il pas de faire semblant d'oublier, en attendant l'issue fatale ? Hélène avait malgré tout des remords de penser ainsi à son époux.

Au moment où elle l'avait rencontré, ça avait été pour elle une surprise quotidienne, sans cesse renouvelée, de vivre en sa compagnie. Et puis la maladie s'installant, il était devenu aigri, et contre toute attente, obsédé par le profit, l'argent et le pouvoir. Son fil s'était rapproché de lui, et d'elle par la même occasion. Il était plutôt l'image opposée de Jules : timide et contemplatif, voire mou, il n'inspirait pas vraiment confiance et n'avait nul charisme. Pourtant elle avait trouvé un certain réconfort auprès de sa gentillesse apathique.

Richard se détourna de la lucarne, l'air pensif. Il embrassa Hélène sur le front, et la prit dans ses bras.

« As-tu vu Claudie ? questionna-t-il. Je peux lui parler si tu veux.

— Cela ne sera pas la peine. Je continue de penser qu'on peut lui faire confiance. Mais cette histoire de collier, j'ai trouvé cela bizarre.

— Qu'a-t-elle répondu à ce sujet ?

— Elle m'a dit que c'était Jules qui lui avait confié ce collier avant-hier, enfin, elle ne savait pas que c'était mon collier même si elle aurait pu s'en douter.

— Elle a pu penser qu'il appartenait à feu ma mère, hasarda Richard.

— Ce qu'elle ne savait pas, c'était que je ne l'avais pas vu depuis plusieurs jours, Jules m'ayant affirmé qu'il était parti en révision chez le joaillier pour réparer le fermoir. Il lui avait demandé pour sa part de le porter au coffre dans notre banque, ce qu'elle était censée faire l'autre jour. Je ne sais plus quoi penser du coup, puisqu'elle ne l'a pas fait.

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