Feuilleton / Feuilleton0008

Malgré le début tendu et maladroit de leur rencontre, au bout d'un moment ils finirent par apprécier sincèrement d'être en présence l'un de l'autre. Ils conversèrent aimablement et sans arrière-pensée.

Elle lui raconta quelques anecdotes sur le quartier, et il rit de bon cœur en apprenant que José le Furet avait enfin trouvé l'âme sœur et que la mère Lafriche s'était finalement habituée à ses voisins. Il ne connaissait pas beaucoup cet endroit, mais il en appréciait l'ambiance et la riche architecture des siècles passés, comme par exemple la façade neo-classique, avec ses grandes colonnes blanches, qui s'élevait devant eux, à quelques pas des tables où ils étaient assis.

Paulin avait néanmoins du mal à ne pas fixer son attention sur les yeux captivants et séduisants de son interlocutrice, et cela mis tout de même une petite ombre à son entrain.

Les yeux d'Amandine n'étaient pas captivants : ils souffraient de leur vide car elle était née aveugle. Paulin se devait donc d'être auprès d'elle, pour toujours. Il ne pouvait la trahir, même si elle l'avait rejeté un jour pour une broutille : elle lui reviendrait forcément. Il ne pouvait empêcher ces pensées d'envahir son bonheur présent, et la fin de leur discussion fut assombrie par cette ombre.

Ému, il prit congé, sans lui signifier son envie de la revoir de nouveau. Elle aurait pu se sentir vexée, mais elle sentait bien que quelque chose ou quelqu'un le retenait.

Elle se promis de le conquérir, car son potentiel était une évidence à des yeux.

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