Blog / Le pendentif

Ce pendentif n'avait paraît-il aucune valeur financière, seulement une forte valeur sentimentale m'avait assuré ma grand-mère paternelle en me l'offrant, alors que je venais tout juste d'avoir quinze ans.

J'avais alors passé toute mes vacances d'été à arborer fièrement ce bijou, pensant être la plus belle du village grâce à son éclat, les pies et les filles n'étant pas les seules à être attirées par ce qui brille. Je ne m'étais certes pas trompée, les garçons semblaient en effet tous sous mon charme dès ce moment. Sous mon charme, ou celui du pendentif ?

Insouciante et rieuse, je leur accordai audience et les congédiai telle une princesse cruelle mais irrésistible, et ils avaient tous joué à ce jeu pendant ces quelques semaines qui avaient été les plus belles de ma jeunesse.

À mon retour de vacances, ma mère avant manqué de s'évanouir dans la gare lorsqu'elle avait découvert ce que je portais ostensiblement autour de mon cou. Elle avait eu ensuite durant la soirée une longue discussion avec mon père, et pensant que je dormais elle lui avait enjoint de téléphoner dès que possible à « la vieille cinglée » pour s'expliquer avec elle. Mais « la vieille cinglée » n'avait pas répondu ce soir-là, ni même le lendemain.

Quelques jours plus tard, nous nous retrouvions tous en une triste procession à l'enterrement de ma grand-mère. J'avais caché mon pendentif sous mes vêtements noirs, et ma mère m'avait même conseillé de ne plus le porter du tout à l'avenir.

Refusant d'abord de me séparer du bijou, avec cet entêtement borné propre aux adolescents, j'avais malgré tout fini par me résoudre à ne le porter qu'épisodiquement au cours des années suivantes, pour peu à peu l'oublier lorsque j'atteignis l'âge adulte.