La place était encore calme avant que la voiture n'y fasse irruption. C'était un espace agréable, invitant à la détente et au farniente.
Une fontaine hébergeant une dizaine de sculptures rococo en était l'attraction principale, avant que l'attention ne fût attirée par le véhicule qui venait d'entrer dans le bassin, fissurant irrémédiablement la margelle richement ciselée. De l'eau commença à envahir la route ceinturant la fontaine, sous l'œil incrédule des habitués de l'endroit.
Les hommes sortirent de la voiture en courant, bousculant les badauds qui ne s'étaient pas encore dispersés devant le danger représenté par cet amas de tôles, qui avait surgi tel un char d'assaut sur un champs de bataille.
Le soleil de juillet était pénétrant, comme une maladie qui instillait des coups dans la tête, et la chaleur aux tempes et au front. Personne d'autre n'entra sur la place, alors que les passants avaient déjà scénarisé l'arrivée de la police, ou une prise d'otage rapide. La scène donnait l'impression d'être maintenant figée, sous les feux du projecteur solaire.