Blog / Le temps

Un joli visage regarde dans ma direction, ne sachant pas trop quoi dire. Son regard quittant mon clavier, il se porte au-delà, au-dehors, vers le réel :

« Encore de la pluie. Quel temps de merde !

— Ouais.

— Vivement l'été prochain.

— Ouais, sans doute.

Je n'ai jamais été très bavard, mais là ça touchait complètement le fond. Et pourtant, j'aurais pu en construire des sermons sur le thème de « mais ma pauvre fille, tu souhaites vraiment que notre pays ressemble au Sahel ? » ; « l'eau c'est la vie ! ». Ou encore « tu es si belle quand tu es dépitée... ». Mais pourquoi passer pour un rabat-joie, un extrémiste ? Je n'étais pas cool comme les autres, je n'étais d'ailleurs pas habillé comme quelqu'un qui se sent très sûr de lui. Limite le pantalon à côtes, si vous voyez ce que je veux dire.

Aurais-je dû tenter de communiquer la joie de marcher sous un ciel lourd de nuages métalliques, lorsque le soleil renaissait pour nous autre ici-bas — même si on sait que de son côté, lui reste immuable, pur et inexorable ? Aurais-je su le faire ?

Les lueurs d'automne emplissaient tout l'espace et le temps, les rayons du soleil semblaient si tangibles, vibrant avec les tonalités du couchant à venir. Lors de l'été il est pourtant évident que nulle vibration n'est capable de saturer ainsi l'air pendant la journée, tout au plus la canicule viendra nous étouffer, et par la même écraser tous nos nobles sentiments.

Tout ceci orne mon monde virtuel, mes codes et mes espoirs, une fois rentré dans ma tour, de laquelle j'ai une vue imprenable sur le gris du crépuscule.