Blog / La boue

La pluie inondait les ornières laissées à l'abandon, et emplissait de boue les chemins de halage qui devenaient vite impraticables. Avec plus de pluie, venait plus de boue. Il n'était plus temps de s'arrêter pour regarder les étals, ou pour discuter avec son voisin, si on courait trop vite, on risquait de glisser.

Il ne fallait voir là nulle allégorie divine ou philosophique dans cette matière simple, souvent pénible au quotidien, et finalement guère utilisée en construction, car l'argile récoltée un peu plus loin, dans l'ancien lit du fleuve Prälogni, était beaucoup plus efficace.

La boue était là depuis des siècles, plaie historique de cette région. Elle venait même jusqu'à éclabousser les murs de la plupart des habitations, lorsque les précipitations devenaient trop violentes, maculant les statues et les ornements ancestraux.

Au retour de la saison chaude, il fallait donc déployer une énergie folle pour tout restaurer, tout nettoyer, et on voyait dans les rues les parents et les enfants travailler ensemble à cette activité, avec finalement une assez bonne humeur.