Blog / Entre les conifères

Un cri m'attendait dans la nuit. Je le fuyais, ou le précédais, coûte que coûte.

Une course folle au milieu des travées de conifères, si excessive qu'elle dura jusqu'à l'aurore, la nuit désaturant progressivement l'encre opaque du crépuscule.

L'espace redevenait familier, comme si j'avais toujours vécu là. La terre hostile semblait faire partie de moi-même, comme lors de ce soir d'été où j'avais aperçu la silhouette, furtive, même si elle ne se cachait point derrière sa cape ni derrière cet arbre si sombre.

Une masque grimaçant, blanc comme s'il était recouvert de farine ou de poussière, les yeux cernés de noir. Un rictus triste, odieux et sans ironie. Ce tableau pouvait prêter à rire, mais dans ce rêve en noir et blanc il n'était que trop réel, tout comme la présence de l'écorce qui m'érafla la main et dont la douleur était encore prégnante à mon réveil, un peu comme si ma peau avait été incisée par une lame en métal noir, une épée ou une dague fantasmagorique.