Blog / Petite fugue

Il écrasa rageusement sa cigarette, et se resservit un verre d'Ouzo. Décidément, ça ne lui valait rien de se montrer poli, et serviable. Ils s'étaient bien moqués de lui, tous les deux. Il alla chercher son carnet de chèque dans sa sacoche. Le talon ne pouvait mentir : Hôtel de la Marmotte, 7145, Courigève. Et s'ils étaient réellement partis tous les deux à cet endroit, c'était stupide de l'indiquer ainsi sur le chéquier.

Non, il ne les comprenait pas. Il passa un coup de fil : « Allo, bonjour, j'aimerais parler à Madame Massot, s'il vous plaît. Émeline Massot. ... Elle est déjà partie ? ... Elle n'est jamais venue ? ... Vous êtes certaine que personne sous ce nom n'a réservé chez vous ? Peut-être au nom de Christophe Leclaire alors ? ... Écoutez, je comprends que je vous dérange, mais vous serez gentille de vérifier s'il vous plaît. ... Comment ça ? Mais oui, je pourrais moi-même être client chez vous, Madame, je vous demanderais un peu de respect ! »

Et il raccrocha.

Cela n'était plus la peine d'aller là-bas en personne. Il eut une meilleure idée, et pour se faire il descendit dans sa cave, pour chercher sa lampe-tempête. Il remonta en boutonnant son ciré et enfila ses bottes de caoutchouc dans l'entrée, se ralluma une cigarette, et posa le pied sur la lande, déterminé à tirer cette affaire au clair.