Blog / Feuilleton #0014

« Ramasse mon couteau, s'il te plaît Hélène, je n'arrive plus du tout à me baisser, implora Jules.

— Très bien mon chéri. Ta chicorée est-elle encore chaude ?

— Oui, c'est parfait. Merci. »

Elle reposa le couteau en cuivre à la droite de son époux, et se leva tirer le rideau orange pour occulter un peu les rayons de soleil qui entraient si vivement ce matin-là.

« Laisse, j'aime sentir le soleil sur mon visage, surtout en cette période de l'année. Ce temps de grâce va être si court...

— Comme tu veux Jules. Et Hélène replia l'étoffe de lin pour découvrir complètement la baie vitrée.

— Claudie va revenir ce matin, annonça Jules, avec les documents à signer. J'ai déjà fait ma part, mais il faut également ta signature. Je pense qu'il n'est pas nécessaire que l'on recommence cette discussion à ce sujet ?

— Tes raisons ne me semblent toujours pas plus valables qu'auparavant : Si on a des dépenses imprévues... S'il nous fallait un peu de trésorerie... excuse-moi, mais je n'y crois pas. Il nous reste plus de 750 000 Écus sur notre compte en banque. Pourquoi vendre nos usines ?

— Une seule usine, précisa Jules. On garde encore un peu l'autre. En tant qu'associé majoritaire, ma décision est difficilement contestable.

— Je n'ai jamais été douée en affaire, surtout lorsque la famille s'en mêle, se plaignit Hélène.