Blog / Feuilleton #0012

« Je ne sais quoi dire, avoua le jeune homme.

— En ce cas ne dis rien, tout simplement ! répliqua Jules. Je suis maintenant un vieil homme malade, je pouvais donc bien prévoir que l'on me prendrait ma femme un jour ou l'autre. De là à imaginer que cela soit par un proche !

— On ne peut pas dire non plus que nous ayons toujours été les meilleurs amis du monde...

— Tu n'as rien à regretter de toute manière. Tu sais, ou tu sauras un jour, je suis capable de percevoir beaucoup de choses dont l'existence reste insoupçonnée par la plupart des gens.

— Comme quoi par exemple ? demanda Richard.

— C'est impossible à décrire. D'un seul coup, il m'arrive d'accéder à une connaissance, une impression.

— Je n'ai pas souvenir que tu nous aies jamais parlé de ce sentiment. J'ai d'ailleurs du mal à imaginer qui pourrait croire ça.

— Cela n'a pas d'importance. Tu peux supposer des coïncidences fortuites, ou des déductions. Cela n'a plus d'importance...

— Restons-en là. Je peux retourner à mon travail ? »

Prétextant qu'il avait déjà pris son repas, Richard remonta et se remis à ses notes, l'esprit ailleurs. Il n'avait plus envie de repenser à toutes ces contraintes, ces délires, ces divagations.