Nous courrions dans les ruelles, sans but, si ce n'est celui de sauver notre peau. Ça avait débuté dans une taverne mal éclairée, avec quelques verres d'hydromel généreusement distillé, puis une tenancière et ses serveuses immodérément aguicheuses. Trop occupés par le spectacle à l'intérieur, mes hommes ne virent pas arriver à travers les carreaux brouillés les sombres silhouettes massées à l'entrée.
J'ai toujours détesté les Orques, et en voilà justement qui envahirent la pièce commune, avec leurs mauvaises manières, leur brusquerie et leurs insultes. Nous avions tous un peu trop bu, et nous fûmes prompts à répondre à leurs sarcasmes. Lorsqu'ils s'en prirent aux femmes, nous les bousculâmes, nos épées au clair, et quelques-unes de leurs têtes déformées volèrent dans la salle, sous les applaudissements des autres clients et le son des cornes de brume des survivants qui ameutèrent le reste de leurs camarades qui traînaient dans le quartier.
La garde s'en mêla, et nous dûmes fuir par la fenêtre des cuisines, nous frayant un chemin entre les cuissots de sanglier et les grappes d'échalotes.
La lune était pleine, et nos pièces d'armures rutilantes sous sa clarté crue, ne facilitant pas notre dispersion. Les hurlements des gardes nous poursuivaient, collant à nous comme une malédiction.