La souris courait sans s'arrêter, et passait par des lieux absolument inédits : le métro de Londres, couvert de poussière, le palais du Taj-Mahal couvert de marbre, les sous-sol des grottes de Lascaux, couverts de feuilles d'arbres et de terre rouge...
Dans cette matinée printanière, elle rejoignit la nappe placée dans le jardin pour le pique-nique, au centre du labyrinthe végétal du parc floral de Trivole sur Ailleronne. C'était le seul arrêt de la journée. Ensuite elle repartit vers un magasin de chaussures, mais ils n'avaient rien pour ses petites pattes, et en plus ils allaient bientôt fermer pour midi. Se sentant indésirable, elle continua de plus belle, et arriva dans une plaine désolée, couverte d'herbes aromatiques et de mousse. Se frayant un passage parmi des bruyères grandes comme deux fois sa taille, elle se désola de ne pas trouver d'arbre pour surplomber sa situation.
Ce lieu symbolisait la fin de ses pérégrinations. Il était enfin temps de s'établir, de fonder une famille, de creuser son terrier et d'y ramener tous ces souvenirs de voyages.