Ils l'avaient retrouvée grelottante, le long d'un chemin bordé par la brume. C'est ce qu'ils lui avaient raconté lorsqu'elle était sortie de son sommeil.
Une tasse de café chaude lui réchauffait les mains, mais elle restait emmitouflée dans sa couverture, se remémorant le contact rugueux de l'arbre et du foulard, et surtout la densité étouffante du contact du sol, lorsqu'elle avait chuté. Elle avait davantage eu l'impression d'être écrasée par la dureté du bitume, comme s'il s'était détaché du ciel et lui était tombé dessus.
Ils avaient prétendu être des hommes de science, mais d'après l'allure de la chambre où ils l'avaient recueillie, elle commençait franchement à en douter. Elle avait déjà vu des centres scientifiques, notamment à Bibracte, et cela ne ressemblait pas du tout à cela.
Derrière la baie vitrée irisée, le ciel prenait une teinte inattendue, et les nuages semblaient comme suspendus dans l'azur violacé. Une toile tendue au mur diffusait un film qu'elle ne connaissait pas, et plusieurs horloges donnaient des heures toutes différentes, chacune retardant de trente-cinq minutes par rapport à la précédente. Le café qui lui avait été servi était étrangement tiré d'une sorte de samovar en argent.