Blog / Odeur de carburant

Son enthousiasme pour le travail faisait plaisir à voir. M. Primetiple nota sur son cahier les aspects positifs de la nouvelle recrue. Néanmoins, en marge avant la double ligne bleue, il termina de tracer deux petits carrés, avec un point d'interrogation à leur côté.

Après avoir retiré son tablier en cuir, Aristide se dirigea vers la cantine en compagnie d'Aloysus Primetiple, qui ne cessa pourtant pas à cette occasion de juger l'employé novice. Comme ce dernier allait occuper à terme un poste important, il fallait être sûr de sa sincérité, ne pas se leurrer sur son engagement. L'organisation ne pouvait se permettre un écart de conduite ni une attitude déviante, pas depuis ce qui était arrivé l'an passé, le Président en personne l'avait d'ailleurs encore rappelé récemment dans son intervention télévisuelle.

Dans la cantine, l'odeur des moteurs diesels se mélant à celle de la purée chaude déprimait parfois les travailleurs les moins dévoués.

Cet après-midi, si le temps le permettait et qu'il n'y avait pas trop de fumée, les deux hommes iraient survoler la Cité, pour surveiller l'avancement de l'installation des poutrelles métalliques et des rouages pour la grande verrière du centre-ville.

Après le repas, M. Primetiple remit son chapeau en constatant que le ciel était relativement dégagé, tandis qu'Aristide finissait de taper son rapport pour l'envoyer bientôt à ses supérieurs.