La fête foraine battait son plein. À cette époque, certains appelaient encore cela kermesse, mais quel que soit son nom, tout le monde venait volontiers s'y amuser.
Une bande de chenapans, bien connus dans le village, s'attardait à l'attraction de démonstration de force, pour démolir en fanfare un sac de cuir. Personne ne faisait mine de leur prêter la moindre attention.
Le spectacle à absolument ne pas manquer, c'était celui de la diseuse de bonne aventure. Loin de tâtonner à imaginer un futur incertain et impossible à vérifier, elle se mettait en spectable et racontait des anecdotes inattendues, et parfois graveleuses, sur chaque habitant, provoquant instantanément l'amusement du public. Pourtant elle n'en connaissait aucun personnellement, elle savait dire tout cela rien qu'en jetant un bref coup d'oeil à l'assemblée.
Plus loin, sous le bruit des pétards et des knallteufel, un caroussel blanc et crème tournait à l'infini, tout comme la ritournelle de l'orgue de barbarie l'accompagnant, donnant vie à ses chevaux satinés et ses avions réduits.
Notre fils prit une gaufre avec de la confiture de figue.
Quelques jours plus tard, la place offrait de nouveau un espace vide entre ses marronniers.
