Une maison abandonnée. Une rivière boueuse. Une pluie fine.
Un soleil fatigué revint au bout de quelques minutes, peinant à sécher quoi que ce soit pour le moment. Derrière une planche fermant l'accès à l'entrée, une petite table supportant une bougie presque éteinte était recouverte de feuilles jaunies. Quelques mots sur chaque feuillet évoquaient un moment fugace, voire des comptes incompréhensibles. C'était cela ! Des comptes, des notes de frais. Mais parfois, écrits avec le même stylo posé à leur côté, une histoire, un récit oublié ou bien une création originale, au revers de ces notes.
Le verbe était censé initier le processus de toute vie, mais parfois c'était l'inverse qui se produisait, et quand les mots suçaient la quintessence de l'être, ils devenaient l'aboutissement de la vie, c'est-à-dire sa négation.
À l'instant où la bougie collée sur la table eut fini de se consumer, au lieu de sobrement s'éteindre avec un petit trait de fumée gris, elle enflamma un papier posé imprudemment à sa base. Les phrases et les notes s'embrasèrent, se propagèrent instantanément dans cette maison que la dernière âme venait d'abandonner, laissant pour seule preuve de sa présence un stylo et quelques mots bientôt brûlés.