La grenouille ailée est revenue ! Elle pose son museau vert sur les genoux de notre héros, qui se réveille à ce moment avec un petit hoquet. Mais avec un pied toujours un peu dans le sommeil, il décide de s'armer en conséquence, et il se coiffe d'un chapeau ayant appartenu à la reine d'Angleterre puis à son fils.
Propulsé par de l'extrait de delirium oniriatus, il sent que ses forces ne sont pas prêtes de s'arrêter, et il décide d'en profiter pour mener une révolution expresse dans un petit pays dirigé par un tyran. Il laisse ensuite les vainqueurs se débrouiller avec leur conscience et leurs futurs victimes, et il repart pour d'autre aventures, éreinté, en se tenant par les pattes arrière de sa grenouille sacrée, qui le conduit vers de meilleures contrées.
Elle atterrit dans un champs de radis, et il la conduit, posée tendrement sur sa main, vers la destinée toute tracée qu'il lui avait imaginée : aplatie à 400 % grâce à une formule spirite achetée pour trois francs sept sous dans une boutique ésotérique à Arkham, l'animal tient maintenant sur une carte à jouer, dans un dessin impressionniste qui aurait sans doute gagné tous les concours gastronomique de la région.
Il marche sur le trottoir imbibé de pluie, ses bottes faisant un bruit métallique lorsqu'elles percutent le sol. Pour ça, il n'avait pas la grâce de la grenouille ailée lorsqu'il se déplaçait ! Mais ce n'était pas cela qui lui empêcherait de flatter sa vanité toute naturelle, aussi il déchira la carte et jeta le chapeau royal dans une poubelle rouge, pour repartir à zéro. Tabula rasa et boule de gomme. Il souffla un peu pour savourer sa liberté toute retrouvée.
Il garda néanmoins les deux morceaux de carte dans sa poche, et celle-ci n'était pas trouée. Le lecteur en tirera toutes les conséquences qui s'imposent.
