Quelques rocailles ici, et un massif par là. À part ces quelques retouches, tout le reste avait déjà été inspecté. Le jardin s'étendait à perte de vue, et dans son horizon le soleil levant transférait ses couleurs d'abord aux nuages, puis au reste du ciel.
L'eau ne manquait pas ici, un petit puits propre et fin apportait l'élément liquide à des pompes se trouvant à chaque intersection.
Dans l'hospice, quelques malades regardaient l'azur empli de chaleur, en attendant leur mort. Margot passait près d'eux avec un pichet d'eau, insensible aux miasmes et à la maladie, et pourtant son cœur souffrait de les voir si mal en point. Dans l'azur elle ne voyait nulle chaleur, juste un jugement froid qui les oppressait sans les étouffer, qui les faisait mourir sans les condamner.
Ce soir elle irait pourtant danser, et peut-être s'abandonnerait-elle enfin dans les bras du jardinier, qui lui avait manifesté son attention depuis de longues semaines, au détour des allées bien rangées.