Durant la récréation en classe primaire, on formait plusieurs équipes pour jouer à un sport collectif appelé « Balle aux prisonniers ». Comment aurais-je pu imaginer que ce jeu sportif, qui faisait la part belle à l'esprit d'équipe, et qui me ravissait par sa simplicité, son aspect débonnaire et bon enfant, m'aurait autant préparé à détester le football, qui avait perdu toutes les qualités sus-citées, et auquel j'ai persisté à ne jamais participer les années suivantes, en entrant au collège ?
La balle aux prisonniers faisait travailler l'imagination, les réflexes, la coordination, l'entraide, c'était tout un univers paradisiaque que l'on évoquait, avec ses règles archaïques, accessibles et espiègles. C'était plus que des équipes qui naissaient et se défaisaient, c'était des nations, des compagnies, des corporations, des tribus qui prenaient corps, pendant le quart d'heure que durait la partie.
Le souvenir des pas frappant la grève, le son plein du ballon qui rebondissait joyeusement sur le dos des joueurs, le bruit plus fragile quand c'était une vitre qui était touchée, souvent sans être brisée...
Et ensuite, on retournait en classe.
