Blog / Comme dans un cauchemar

« Ne referme pas tout de suite la porte s'il te plaît ! »

Aloysius arrêta son geste au dessus du commutateur. Il regarda tendrement la jeune femme assise sur le lit.

« Je croyais que tu souhaitais un peu d'intimité ? hésita-t-il.

— Oui, tout à fait, mais pour le moment je me sens un peu étouffer. C'est assez indescriptible, mais tu sais bien que tout en ce lieu inspire ce sentiment.

— Ok, je te laisse. Profites-en pour te refaire une beauté, tu sembles épuisée ! »

Katja se laissa retomber sur son matelas, la mine défaite. Depuis trois mois qu'ils avaient été affectés ici, il ne se passait pas une nuit sans que des cauchemars oppressants ne la visitent et hantent les journées suivantes : les couloirs étroits, les couleurs vives et aggressives, le ton faussement cool de leurs collègues, le monde parfait qu'on leur préparait, tout contribuait à ces angoisses répétées.

Elle regarda le vide spacial par le hublot. Sur terre ce n'était guère mieux : le stress omniprésent et l'abus de drogues, légitimé par le besoin de décompresser, formatait des légions de névrosés. Personne n'aimait vivre les uns sur les autres. Aux premiers âges de cette époque, quand le quota des surfaces habitables fut généralisé, l'enthousiasme fut si fort que personne ne songea à analyser froidement les dérives possibles de ce système.

Katja observa le plafond de sa chambre. Il était trop proche de ses yeux pour lui permettre de respirer sereinement.